Nicolas Truelle : « Soyez le Président des jeunes » — Union des Réseaux Congréganistes de l'Enseignement Catholique

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Nicolas Truelle : « Soyez le Président des jeunes »

Ancien dirigeant d’entreprises et chrétien engagé, Nicolas Truelle, directeur général d’Apprentis d’Auteuil, invite le Président à mieux protéger l’enfance et à écouter la jeunesse, en lui donnant les moyens de s’exprimer.

Monsieur le Président,

L’élection a révélé une carence grave affectant notre société : plus de 40 % des moins de 34 ans ne se sont pas déplacés lors des deux tours du scrutin. Face à ce constat, il faut passer de la désolation à l’action !

Loin de croire que les jeunes se désintéressent de la vie de la cité, nous savons, à Apprentis d’Auteuil, combien ils souffrent de n’être pas écoutés et que les décisions prises aujourd’hui par le personnel politique ne répondent pas à leur réalité. Combien aussi ces décisions engagent leur avenir, alors qu’ils ne sont pas associés à leur élaboration. Leur écoute et leur participation doivent donc être les deux axes du quinquennat à venir.

Un vécu et un ressenti de violence

Apprentis d’Auteuil a mené en 2021 une grande concertation auprès des jeunes et des familles accompagnés. Cette démarche nous a d’abord enseigné que les enfants et les jeunes témoignent, lorsque l’occasion leur en est donnée, d’un vécu et d’un ressenti de violence considérables, qui entravent leur épanouissement.

Ce sentiment est confirmé par les faits intolérables que la libération de la parole ces dernières années a mis en lumière : violences psychiques, sexuelles, abus en tout genre, violence institutionnelle parfois. Cette parole doit nous pousser à mettre en place une culture de l’écoute, de la prise en compte et de la participation des enfants. Nous devons renforcer la détection des signaux faibles et des dysfonctionnements par une politique systémique d’observation, de traitement et de prévention des faits de violence.

L’écoute et la participation des jeunes à la vie de la cité doivent être les deux axes du quinquennat à venir.

Second enseignement : encourager l’expression des enfants et des jeunes les conduits à être actifs et responsables dans leurs lieux de vie, d’étude et de loisirs. C’est un puissant outil de transformation de ces lieux, qui font souvent l’objet de débats chez des adultes qui ne les ont plus fréquentés depuis fort longtemps : je pense à l’école, si souvent fantasmée dans le débat électoral. Nous devons donc organiser des espaces de parole et de participation des enfants à la vie des lieux dans lesquels ils évoluent.

Associons-les aux décisions

Nous, adultes, ne pouvons déplorer la non-participation des jeunes à la vie électorale si nous ignorons les multiples ­manifestations de participation publique qu’ils développent (associations, éducation populaire, etc.).

Nous ne pouvons entretenir la suspicion quand ces jeunes expriment leur volonté de s’insérer dans la société et de travailler et en même temps les renvoyer systématiquement à une condition d’irresponsabilité en ne les associant pas aux politiques sociales, en les cantonnant à un statut de future « main-d’œuvre » sans entendre ce qu’ils souhaitent « devenir ». Il nous faut, pouvoirs publics et acteurs de terrain, développer avec les jeunes des solutions concrètes pour résoudre ce paradoxe.

Donnons-leur le goût de l’engagement

Renforçons prioritairement tous les modules d’observation, d’écoute, de recueil de la parole dans tous les lieux accueillant des mineurs, afin d’en terminer avec les violences. Formons mieux les professionnels de l’enfance et de l’éducation à ces enjeux de protection, tout en développant une culture de la participation.

Créons à l’école, dans nos maisons, nos associations, des espaces pour leur permettre de s’exprimer, de se responsabiliser et donnons-leur le goût de l’engagement. C’est à cette condition que nous pourrons insuffler une véritable culture de la non-­violence. Alors, le terreau sera bon pour que s’expriment les jeunes. Alors, les jeunes prendront la place qui leur revient dans le débat. Alors la jeunesse voudra s’engager. Alors le politique sera relégitimé et sa parole aura de nouveau du crédit aux yeux des jeunes et de leurs familles.

Soyez le Président des jeunes. Nous le savons : ils sont capables de vous le rendre au centuple !

Nicolas Truelle, directeur général d’Apprentis d’Auteuil