Une nouvelle directrice au Centre de formation Angèle Mérici
URCEC / Corinne Lerevenu, pouvez-vous nous dire en quelques mots quel est votre parcours ? »
CL / Enseignante depuis 1998, j’ai débuté ma carrière dans une école de trois classes en milieu rural où j’avais la responsabilité des élèves de CE2-CM1-CM2. Cette première expérience m’a non seulement appris à gérer l’hétérogénéité mais m’a montré aussi que les élèves ont besoin d’une école où ils se sentent bien, où l’on apprend à vivre ensemble en s’entraidant, en se faisant confiance.
En septembre 2003, je suis nommée chef d’établissement d’une école de 5 classes appartenant à un ensemble scolaire avant d’être nommé deux ans plus tard coordinatrice et responsable de l’animation du réseau des établissements du bassin géographique. Je prends ensuite la direction de deux écoles d’une même ville dont l’une se situe dans une zone d’éducation prioritaire. Cette expérience m’a permis d’apprendre à évaluer les besoins des équipes pédagogiques et éducatives et d’y répondre de manière adaptée.
J’ai rejoint ensuite l’école Ste Bernadette de Caen sous la tutelle des Ursulines de l'Union Romaine en 2010 où, par le biais de la formation, nous avons travaillé à la mise en œuvre de la coopération en classe et sur les différents lieux et temps de vie de l’école. J’ai modifié mon management d’équipe en animant les temps de concertation, de rencontres avec les parents en exploitant les outils de la pédagogie coopérative pour créer une école où se partagent les responsabilités et où chacun trouve sa place.
URCEC / « Quelles sont vos motivations à la veille de prendre la responsabilité du centre Angèle Merici ? »
CL / Depuis ma nomination en tant qu’animatrice du réseau des établissements du bassin géographique de l’école en 2005, j’ai toujours considéré la formation comme un levier pour :
- faire évoluer les représentations et les pratiques pédagogiques
- fédérer et mobiliser une équipe pédagogique
- initier et accompagner les changements
Dans un contexte comme le nôtre où ce qui est vrai aujourd’hui peut être remis en cause demain, où les évolutions technologiques bougent les repères d’espace et de temps, il est important que les enseignants et leurs élèves puissent continuer à regarder avec confiance l’avenir en relevant les défis de paix, de respect de la création, de la Personne et de Dieu. C’est donc dans une posture de compagnon en latin « companis » « celui avec qui l’on partage le pain » que je serai attentive au cheminement et aux besoins des équipes éducatives en étant à l’écoute de leurs besoins et en y répondant au mieux.
Quelles sont les activités du Centre Angèle Merici qu’il vous faudra porter ?
Je m’attacherai d’abord à ancrer nos racines mericiennes dans les réponses aux défis de demain . Depuis le XVIIème siècle, les Sœurs et les laïcs qui se sont succédé ont toujours tenté de répondre aux attentes de leur temps. A mon tour, entourée par les acteurs éducatifs des établissements, des formateurs, du conseil de perfectionnement de trouver ce qui convient pour notre présent.
Depuis plusieurs années maintenant, le Centre Angèle Merici s’inscrit dans une démarche de développement de la pédagogie coopérative avec le soutien de Jim Howden. Des enseignants se sont formés pour pouvoir à leur tour en former d'autres ; je poursuivrai cette dynamique pour amener les équipes à travailler davantage en coopération et vivre la responsabilité en partage. En parallèle, il me faudra développer la formation hybride et engager le centre dans la certification. Sœur Elisabeth Binet, responsable du centre Angèle Merici, a déjà commencé ce travail.
Quels sont les enjeux liés à la formation ?
Dans cet avenir en devenir, il semblerait que les qualités essentielles seront celles appelées soft skills : la confiance en soi, la créativité, l’autonomie et la collaboration. Les défis de la formation ne manquent donc pas de sujets mais je dirais globalement qu’il s’agit de donner les moyens aux acteurs de l’éducation d’oser prendre le risque de l’innovation comme l’ont fait nos fondateurs en leur temps. Oser la coopération, oser l’éducation au choix, oser penser l’inclusion comme un enjeu d’une société fraternelle et solidaire, oser s’engager dans une évaluation plus juste et efficace, oser l’accompagnement de chacun dans un parcours personnel, oser revisiter le projet d’établissement pour en faire un réel outil de pilotage, oser l’éducation à l’intériorité.