Bac, les modalités du nouveau « Grand oral » dévoilées
Vingt minutes, mais beaucoup d’enjeux. L’épreuve du « Grand oral » que passeront les élèves de terminale à partir de 2021 comptera pour 10 % de la note totale du nouveau baccalauréat en filière générale et 14 % dans la voie technologique. Le ministère de l’Éducation nationale, qui fait face depuis un mois à la perturbation de certaines épreuves de contrôle continu du bac, a dévoilé jeudi 13 février les contours de l’oral final dans une note parue au Bulletin officiel.
L’épreuve, notée sur 20, se déroulera en fin d’année de terminale devant un jury de deux enseignants extérieurs au lycée, dont un au moins dans une discipline de spécialité de l’élève. L’élève devra présenter deux questions au jury, portant sur ses deux enseignements de spécialité. Celles-ci auront été préparées en amont avec le professeur - et éventuellement avec d’autres élèves.
Baccalauréat, la fin d’une époque
Le candidat aura ensuite vingt minutes pour préparer la question choisie par le jury avant la présentation de sa réponse, sans ses notes, durant cinq minutes. « Le risque est de se retrouver face à des récitations car les élèves auront préparé le sujet de façon extrêmement méthodique », prévient Gilbert Longhi, chercheur en sciences de l’éducation et ancien chef d’établissement.
Vocabulaire et éloquence
Un temps d’échange s’ensuivra : pendant dix minutes, le jury « interrogera le candidat pour l’amener à préciser et à approfondir sa pensée » sur la question mais aussi sur « toute partie du programme du cycle terminal ». Les cinq dernières minutes seront dédiées à un échange sur le « projet d’orientation » du candidat : l’élève « exposera les différentes étapes de la maturation de son projet » et détaillera le parcours qu’il souhaitera entreprendre après le bac. Debout durant les cinq premières minutes, le candidat pourra ensuite choisir de s’asseoir.
La « qualité des connaissances » ne sera qu’un des cinq critères d’évaluation. Les autres concerneront la prestation orale : la grille indicative définit par exemple comme « très satisfaisant » un oral empreint de « qualités prosodiques marquées », d’un « vocabulaire riche et précis » et de prises d’« initiative dans l’échange ». Des critères « flous » pouvant être « interprétés différemment selon les jurys », déplore Claude Lelièvre, historien de l’éducation.
Dans un entretien au journal 20 minutes, le ministre Jean-Michel Blanquer écarte, lui, toute crainte de discrimination : « On peut être issu d’un milieu très défavorisé et être très à l’aise à l’oral », assure-t-il. « Avoir de la tchatche, c’est une chose. Mais tenir un propos substantiel à 17 ans face à des adultes chevronnés, c’en est une autre. Les marquages sociaux persistent », rétorque Gilbert Longhi avant de pointer une « autre inégalité » : « Dans les classes en sureffectif, le temps de parole des élèves est très réduit. »
Quelle préparation ?
Une question reste à éclaircir : celle de la préparation. Dans un communiqué, le ministère annonce que les compétences orales « vont être travaillées tout au long de la scolarité et d’une manière plus poussée encore au dernier trimestre de terminale », ajoutant que « des ressources vont être très prochainement mises à la disposition des professeurs ». « On ne sait pas du tout qui va préparer au grand oral et comment », conteste Claude Lelièvre.
L’oral fait partie des quatre épreuves finales de terminale qui, avec les épreuves anticipées de français, comptent pour 60 % du baccalauréat. Les 40 % restants sont répartis entre les bulletins de première et de terminale (10 %) et les épreuves communes de contrôle continu (30 %), dont la première phase se déroule depuis le 20 janvier.
Hippolyte Radisson
Retrouvez cet article sur La Croix.