Pour des classes à 24 élèves, quels moyens ? — Union des Réseaux Congréganistes de l'Enseignement Catholique

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Pour des classes à 24 élèves, quels moyens ?

Dans sa conférence de presse, jeudi 25 avril, Emmanuel Macron a annoncé que les effectifs seront limités à 24 élèves dans toutes les classes de la grande section de maternelle au CE1. Il a ensuite appelé à revaloriser le métier de professeur, « essentiel à la République et à la vie de la nation »

« Quand je regarde notre pays, les vraies inégalités ne sont pas fiscales. (Ce sont les) inégalités d’origine, les inégalités de naissance, les inégalités de destin », a martelé le président de la République, jeudi 25 avril. Un tel constat n’est pas nouveau dans sa bouche. Il avait déjà justifié notamment l’adoption de la Stratégie de lutte contre la pauvreté centrée sur les enfants l’an dernier.

Emmanuel Macron s’est, cette fois, attaqué au chantier de l’école. Il a annoncé que le nombre d’élèves par classe serait limité à 24, dans toutes les écoles, de la grande section de maternelle au CE1. « C’est un vrai investissement (…) mais c’est le moment où l’on apprend à lire, à écrire, à compter, à bien se comporter, il est absolument essentiel et c’est un investissement dans nos enfants en lequel je crois profondément », a justifié le chef de l’État. Il a ensuite appelé à revaloriser le métier de professeur, « essentiel à la République et à la vie de la nation ».

Au-delà de ce vibrant hommage, le président de la République s’est-il payé de mots ? « Ce sera le cas si les deux dossiers – la réduction du nombre d’élèves dans les classes et le chantier de la formation des professeurs – ne sont pas menés de front », avertit Jean-Louis Auduc, ancien directeur d’Institut de formation des maîtres (IUFM) et auteur de plusieurs essais. En effet, « la réduction du nombre d’élèves dans les petites classes suppose la création de 10 000 postes supplémentaires » qu’il va donc falloir trouver. Or certaines académies (Créteil, Versailles, Amiens, Reims et Lille) ont déjà du mal à recruter.

Rendre ces carrières plus attractives

Afin de passer des paroles aux actes, il faudra donc rendre ces carrières plus attractives. La réforme des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espe), censée y apporter sa pierre, n’est pas achevée, constate néanmoins Jean-Louis Auduc. « Il devient urgent de l’accélérer, quitte à l’inscrire dans la Loi sur l’école de la confiance actuellement en discussion au Parlement », avance-t-il.

Parents pauvres

Mais cela pourrait bien ne pas suffire. Les enseignants du 1er cycle (école maternelle et primaire) et les directeurs d’école se sentent, en effet, un peu les parents pauvres du système. « Si l’on estime réellement que l’enseignement des tout-petits est important, alors il va falloir que ce travail soit revalorisé », explique Jean-Louis Auduc.

Aujourd’hui, les professeurs du premier cycle effectuent plus d’heures de cours que leurs collègues des collèges et lycée, tout en bénéficiant de moins de primes et d’évolution possible au cours de leur carrière. Y remédier ne peut être que financièrement coûteux et politiquement sensible, prévient l’ancien directeur d’IUFM.  

Emmanuelle Lucas

Journal La Croix du 26 avril.