Evaluer les établissements… pour les élèves
Le Conseil d’évaluation de l’Ecole (CEE), a pour mission de définir une évaluation des établissements scolaires. Quelle en est la visée ?
Béatrice Gille : La Loi pour une école de la confiance du 26 juillet 2019 prévoit une évaluation exhaustive de l’ensemble des établissements scolaires. C’est une nouveauté : si beaucoup avait déjà été fait en matière d’évaluation en France, nous sommes le dernier pays au sein de l’OCDE à mettre en place au niveau national cette évaluation des établissements. L’ambition est vaste : il s’agit d’aider les établissements à améliorer leur fonctionnement au bénéfice des élèves - dans les apprentissages, la vie et le bien-être scolaire, leur insertion professionnelle et citoyenne. Son but est aussi de permettre de renforcer le sens de l’action collective au sein de la communauté éducative en mobilisant l’ensemble des acteurs - équipe de direction, personnels, élèves, parents et partenaires.
Concrètement, comment va-t-elle se mettre en place ?
B.G. : Le Conseil a arrêté un cadre général. Il s’appuie sur deux étapes étroitement articulées : une autoévaluation d’abord qui vise à faire réfléchir collectivement l’établissement sur tous ses domaines d’action et à analyser ses choix et leurs effets avec l’appui de guides évaluatifs et d’indicateurs fournis par les services académiques. En miroir, cette autoévaluation sera complétée par une évaluation externe, elle aussi participative, portée par un collectif pluri-professionnel n'ayant aucun lien avec l'établissement. La composition des équipes d’évaluateurs garantit leur neutralité, leur légitimité, leur pluralité par la diversité de ses membres. Chaque équipe est coordonnée par un de ses membres, désigné par le recteur.
Ce regard, distancié et expert, - très différent de celui d’un audit, d'une inspection ou d’un contrôle de conformité - contribuera à mettre en perspective les forces de l’établissement, ses faiblesses, et à s’appuyer sur ce potentiel pour progresser. L’objectif est de renouveler cette évaluation tous les 5 ans.
Comment vont être associés les établissements de l’Enseignement catholique ?
B.G. : Le périmètre de la Loi inclut pleinement les établissements privés sous contrat, avec une entrée massive dans la démarche prévue à compter de la rentrée 2021. D’ici là nous nous donnons du temps avec le SGEC notamment pour travailler, ensemble, aux aménagements nécessaires à la prise en compte et au respect de leurs spécificités. Parmi elles, il y a notamment la question du caractère propre, celle de l’articulation avec des dispositifs déjà existants comme les visites de tutelle, de la composition des équipes d’évaluateurs et enfin le cas particulier des ensembles scolaires parfois de la maternelle au baccalauréat. Je ne doute pas que l’on arrive à un dispositif concerté, producteur d’un meilleur service public d’éducation.
Quels moyens et quel accompagnement sont prévus pour diffuser cette acculturation ?
B.G. : Des groupes de travail thématiques vont être mis en place au sein du Conseil, réunissant à la fois des chercheurs et des acteurs du système éducatif de niveau national et local, pour veiller au bon déploiement de la démarche. Dans les académies, des groupes de suivi vont être aussi installés. Il y a un enjeu de formation évident cette année - des évaluateurs et des chefs d’établissement. En faisant appel à la capacité stratégique des établissements, la démarche devrait être suivie d’effets directs, d'abord au sein des établissements pour améliorer leur fonctionnement mais aussi au niveau des plans de formation et de l'accompagnement des expérimentation et des innovations.