Susciter la créativité avec le réseau de la Providence de Ribeauvillé
Résolument chercheurs
L’une des premières orientations « Etre des chercheurs et susciter la créativité » a ainsi emmené les chefs d’établissement de la tutelle de la Divine Providence de Ribeauvillé jusqu'à Barcelone, dans les écoles du réseau jésuite, afin d’y observer la mise en œuvre d’un ambitieux projet, « Horizon 2020 », démarré il y a quelques années, pour une transformation de l’école. Ce voyage d’étude avait été précédé d’une intervention en Alsace sur la genèse de ce projet.
Comme le précise un article de La Croix d'avril 2015, cette expérience pilote de trois établissements primaires catalans constitue une véritable révolution : finis les devoirs systématiques, les classes magistrales et les examens pour les 800 élèves des trois écoles jésuites. Les classes traditionnelles n’existent plus. Deux grands groupes de 60 enfants sont encadrés chacun par trois professeurs. Chaque journée commence par une demi-heure de relaxation. Les professeurs peuvent proposer un texte, une vidéo, une chanson ou simplement le silence. L’ambiance pourrait presque ressembler à celle d’une entreprise.
Tablettes et ordinateurs pour tous
Les professeurs présentent ensuite les objectifs et le projet qui occupera les trois semaines suivantes. « Celui que nous avons intitulé “It’s history time” nous a permis d’aborder différentes périodes historiques à travers trois langues, l’espagnol, le catalan et l’anglais, explique Jordi Lopez, 31 ans, maître d’école depuis six ans. Nous avons travaillé les mathématiques grâce à la réalisation d’un cube pour résumer sur chaque face les périodes de l’histoire. Le projet a fait l’objet d’une présentation aux familles. Les élèves ont dû expliquer oralement leur réalisation. »
Les rencontres avec les parents, un outil efficace contre le décrochage
Après deux trimestres d’expérience, les professeurs se montrent enthousiastes. « Je ne reviendrai pour rien au monde au système antérieur, assure Jordi. Les élèves viennent à l’école plus contents, concentrés et autonomes, et moi je travaille en équipe avec deux professeurs. »Tous les élèves sont équipés de tablettes et ordinateurs, les murs des classes sont tombés, des gradins permettent aux élèves d’écouter les professeurs, les tables ont été mises sur roulettes pour créer des groupes de travail et la couleur est partout sur les murs, comme s’il s’agissait du siège d’une entreprise high-tech.
56000 idées sur deux ans
La réflexion des jésuites de Catalogne a commencé il y a six ans. « Notre mission est de former des personnes pour un “monde global”. Il n’est plus possible de se contenter d’apprendre des leçons comme au XIX e siècle », explique Xavier Argabay, directeur général de la Fundació Jesuïtes Educació. D’où la naissance du projet Horizonte 2020. Ce responsable aurait pu se contenter d’un comité d’experts pour revoir de fond en comble le système. Il a préféré créer un comité participatif : professeurs, élèves et parents ont proposé 56 000 idées durant deux ans. Les professeurs se sont formés durant neuf semaines pour créer un nouveau programme, entourés par des experts sur l’intelligence multiple. « L’objectif est de passer d’un système où l’élève écoute et fait ses devoirs à un concept où il est le protagoniste et où il découvre les réponses. Les matières en tant que telles disparaissant, elles deviennent interdisciplinaires à travers les projets », explique Xavier Argabay.
L'évaluation devient continue tout au long de l’année et est davantage fondée sur les compétences, le travail en groupe, la recherche d’information. D’ici à 2020, les huit écoles et les 13 200 élèves jésuites seront passés au nouveau système.
Des changements à opérer en Alsace...
Depuis cette session à Barcelone, le réseau de la Providence est en marche : une équipe de pilotage composée pour le moment de chefs d’établissement se réunit pour poursuivre la réflexion sur l’école de demain, le lien entre l’école et la société, les jeunes que nous désirons voir sortir de nos établissements. Si tous sont convaincus que des changements sont à opérer et des virages à prendre, que nous devons exercer pleinement notre liberté pédagogique, ils sont un peu moins nombreux, ou encore frileux, à aller de l’avant, au Second degré notamment. Il s’agit maintenant d’avancer et de lever les freins parmi nos chefs d’établissement avant d’engager un autre travail visant à impliquer toutes nos communautés éducatives.
La route est encore longue mais exaltante !
Marianne Roulot - déléguée de tutelle