Un carême avec Maurice
Nous sommes entrés dans le temps du Carême. Le mercredi des Cendres nous y introduit en nous replaçant devant notre vérité ultime. Nous sommes invités une fois de plus à honorer le jeûne, la prière et le partage. Nous nous préparons à vivre la Pâque, à fêter notre Seigneur, mort, ressuscité, vivant. Rien de plus grand, d’indicible. Une invitation à se taire et à adorer.
Devant tant de grandeur et de mystère, je suis tenté de vous inviter à un tout petit pas de côté et de passer du Carême à Maurice Carême, en accueillant l’un de ses poèmes :
PRIERE DU POETE
Je ne sais ni bêcher, ni herser, ni faucher,
Et je mange le pain que d’autres ont semé.
Mais tout ce que l’on peut moissonner de douceur,
Je l’ai semé, Seigneur.
Je ne sais ni dresser un mur de bonne pierre,
Ni couler une vitre où se prend la lumière.
Mais tout ce que l’on peut bâtir sur le bonheur,
Je l’ai bâti, Seigneur.
Je ne sais travailler ni la soie, ni la laine,
Ni tresser en panier le jonc de la fontaine.
Mais ce qu’on peut tisser pour habiller le cœur,
Je l’ai tissé, Seigneur.
Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires,
Ni même retenir par cœur une prière.
Mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur,
Je l’ai chanté, Seigneur.
Ma vie s’est répandue en accords à vos pieds.
L’humble enfant que je fus est enfant demeuré,
Et le peu qu’un enfant donne dans sa candeur,
Je vous l’offre, Seigneur.
Nous pouvons faire nôtre cette prière du poète. Il nous invite à la simplicité, à la simplification de nos vies. A sa suite, nous pouvons emprunter un beau chemin de Carême : se libérer pour se donner.
Frères Thierry Beauplet – Frère de l’Instruction chrétienne - Délégué de tutelle
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