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De l’art de se connecter au monde réel
L’une des « propositions » de cette newsletter vous invite, le temps d’un week-end, à questionner votre rapport à internet et aux écrans. En exergue à cette invitation, le constat est sans appel : un Français passe, en moyenne, plus de cinq heures par jour sur Internet dont une heure sur son téléphone… sans forcément réfléchir à ce que cela change à sa vie (relations, intériorité, stress, dépendance, …) ! Les quelques extraits de la pensée de Marianne Durano, essayiste et professeur de philosophie, vous inciteront peut-être à y réfléchir à deux fois (Extraits "Le Monde" du 5 août 2018).
Connecté ? Qu’est-ce à dire ?
En réalité, affirme Marianne Durano, nous ne vivons pas avec des écrans, avec des téléphones portables, nous vivons dans le monde des écrans, des téléphones portables, des compteurs connectés. C’est l’offre qui crée la demande et s’aliène un public captif.
En France, l’installation des compteurs électriques Linky, prétendus « intelligents », suscite des inquiétudes justifiées. Ces compteurs sont connectés à Internet et transmettent en permanence des informations très précises sur la consommation des ménages. Vous ne prenez qu’une douche par semaine ? Enedis le sait. Vous vous absentez tous les mardis soir de 22 heures à minuit ? Enedis le sait.
Et alors, qu’est-ce que ça change ?
Rien, sinon que la technologie s’immisce un peu plus dans les moindres détails de notre intimité. Nous nous préparons à vivre dans un monde où l’on ne pourra plus aller aux toilettes sans y rencontrer une entreprise high-tech. L’exemple n’est pas gratuit. C’est bien ce que la société française Little Corner propose à ses clients, slogan à l’appui : « Soyez là où tout le monde va seul ». Ça fait rêver !
Alors, besoin d’intimité ?
Dans un monde où ce ne sont pas les hommes, mais les objets, qui sont connectés, déconnexion rime souvent avec exclusion. Parce que la technologie n’est pas neutre, elle structure un quotidien auquel il devient de plus en plus difficile d’échapper. Trouver un travail, voir ses amis ou connaître les horaires de la SNCF devient vite impossible sans smartphone.
Comment peut-on encore prétendre que nous sommes libres d’utiliser les outils mis au point par la Silicon Valley ? Comment peut-on encore affirmer que la technique accroît nos possibilités sans diminuer notre autonomie ? C’est un comble que l’écran – c’est-à-dire, étymologiquement, l’obstacle – soit devenu la principale médiation entre les êtres humains et l’accès privilégié à notre environnement.
En définitive, …
Nous ne souhaitons pas la déconnexion. Au contraire, nous désirons plus de connexion : une connexion sans intermédiaire technologique, un lien immédiat avec ce – et ceux – qui nous entoure(nt).
Se déconnecter, ce n’est pas vivre en dehors du temps, c’est prendre le temps de vivre.
Joli mois de mails, ... euh, pardon, joli mois de mai à chacun !
Jean-Jacques Erceau
secrétaire général
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