Une expérience pascale
En octobre dernier, le rapport de la CIASE nous a laissés dans un état de sidération, autant par les chiffres accablants qu’il révèle que par ce qu’il manifeste d’une structure de péchés. Une certaine manière de penser l’Église, et surtout de la vivre est mortifère.
Que de vies brisées !
Et la colère nous a saisis devant une dérive qui a érigé le principe abstrait à l’égal de Dieu, en oubliant les hommes et les femmes incarnés et surtout les enfants, c’est-à-dire tous les plus petits, ceux que le Christ est venu sauver et qu’il nous appelle à servir.
Face à ces constats, nous avons bien essayé de marchander, pour ne pas nous sentir trop coupables. Collectivement et individuellement, nous n’avons pas su voir ou comprendre, nous n’avons pas su trouver les mots, les gestes et les attitudes pour protéger les plus fragiles, dans l’ordinaire de la mission.
La tristesse a alors submergé tous ceux, nombreux, prêtres, consacrés et laïcs qui s’efforcent de rester fidèles à la promesse de vie de l’Évangile, au ras de la vie et de la mission. Ils vivent cette situation dans l’incompréhension.
Notre foi est promesse de vie. Elle est mise à l’épreuve chaque jour dans l’acte d’éduquer, au cœur de nos institutions scolaires. Devant la tentation de renoncer, nos prières se savent fragiles pour rejoindre les personnes victimes, dans une fraternité en Christ qui nous unit comme peuple de Dieu.
Une conversion relationnelle
Nous sommes aujourd’hui à un tournant de notre histoire ecclésiale.
Dans la nuit de Pâques, l’Esprit travaille les cœurs, pour que nos lieux d’Église soient toujours des lieux sûrs, protecteurs et qui fassent grandir en humanité.
Il appartient à chacun de nous que cette Église juste, fraternelle et portée par la charité ne reste pas qu’un concept, au risque d’instrumentaliser les paroles que nous prononçons. Cette prise de conscience nous invite à une véritable conversion relationnelle. Les mots sonnent creux sans une incarnation dans la relation vécue. Or ce travail relationnel s’apprend tout autant que le travail intellectuel ou manuel, pour permettre de vivre des relations ajustées, spécifiquement en situation d’autorité. Un champ éducatif nouveau s’ouvre ainsi pour nos établissements scolaires. Il concerne aussi bien les élèves que les adultes des communautés éducatives.
« C’est à l'amour que vous aurez les uns pour les autres, que l’on vous reconnaîtra comme mes disciples », nous dit Saint Jean. L’amour est un sommet de la relation quand il se vit dans le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus Christ. Ce temps pascal nous engage sur ce chemin de conversion.
Geneviève Verdaguer - Déléguée de Tutelle Réseau Scolaire Marianiste
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