Il est temps de prendre la route.

La Rencontre Nationale de l’URCEC vécue au Campus de Pouillé, les 12 et 13 novembre, a débuté, une fois n’est pas coutume, par des statistiques ; ceux de la réalité de nos instituts : 25.000 religieux et religieuses en France dont les deux tiers ont plus de 80 ans et 9% seulement moins de 60 ans.

Les chiffres bruts, livrés ainsi publiquement, jettent une lumière crue sur une réalité que nous connaissions déjà globalement. Nous avions conscience qu’il fallait agir, nous réalisons désormais qu’il y a urgence à le faire.

Nous pouvons nous inquiéter de cette situation, regretter une époque révolue, désespérer d’un temps qui ne reviendra pas. Pourtant, lorsque nous parcourons l'histoire de nos congrégations, nous réalisons combien les périodes d’incertitude, les moments troublés de l’Histoire leur ont parfois permis de se réinventer, d’aller de l’avant, se jetant dans l’inconnu avec la Foi pour seule arme. Sans les paris fous de nos fondateurs, combien d’entre nous seraient présents aujourd’hui ?

Cette même foi nous appelle maintenant à avancer sur des chemins dont nous ne connaissons pas forcément la destination finale, l’horizon mais qui nous permettent de nous rassembler et de construire ensemble une nouvelle histoire.

Cheminer ensemble ...

Les sœurs de Notre Dame de la Compassion, les Servantes de Marie et les Filles de la Croix se sont engagées ensemble sur différentes actions et, plus précisément depuis 2020, sur la tutelle des établissements scolaires.

Nous cheminons donc depuis deux ans. Au-delà d’une simple question de mise en commun de moyens matériels, faire vivre les charismes respectifs, s'enrichir les uns des autres de ce qui nous rassemble mais aussi de ce qui fait nos différences nous guide, avec la conviction que gommer les différences nous interdirait la rencontre.

Le Pape François ne dit pas autre chose lorsqu’il évoque le pacte éducatif mondial : « Il y a pacte quand, tout en maintenant les différences réciproques, on choisit de mettre ses forces au service d’un même projet. Il y a pacte quand on est capable de reconnaître en l’autre, différent de nous, non une menace à notre identité, mais un compagnon de route, pour « découvrir en lui la splendeur de l’image de Dieu » (Exhortation apostolique post-synodale Christus vivit, n° 165).

Ainsi avons-nous pris le parti de penser que le chemin était plus important que le but, la destination. Marcher ensemble pour construire un chemin nouveau : entrer tout simplement dans une démarche synodale.

... dans l'espérance.

A l’approche de Noël, nous voulons croire que l’Enfant vulnérable de la crèche - et notre Sauveur - nous invite à l’Espérance. Il nous demande de ne pas désespérer de ce que nous n’avons plus mais de nous engager pour tracer de nouveaux chemins qui répondent aux besoins de notre temps.

Il est temps de suivre cet Enfant, il est temps de prendre la route.

Joyeux Noël !

Pierre Santini -

Délégué de tutelle de trois congrégations engagées sur un chemin d'Alliance - Filles de la Croix, des Servantes de Marie, des soeurs de Notre-Dame de la Compassion