Faut-il céder à la radicalité ? 

AFFAIRE SANTIER, LE CHOC ET LE DÉGOÛT

Deux titres s’entrecroisent, sans liens apparents. Et pourtant…

Le premier ouvre l’éditorial de Jérôme Chapuis, dans le Journal La Croix du 17 octobre. Il y dénonce l’abjection d’un « scandale puissance deux », celui d’une institution qui, par lâcheté, juridisme ou calcul, fait le dos rond, choisit le silence, espérant peut-être que le départ en catimini du prélat incriminé escamoterait la déflagration médiatique, en limiterait la portée désastreuse. 

Le second exprime le choix de certains militants écologiques pour lesquels la radicalité reste, à leurs yeux, la seule voie envisageable pour faire prendre conscience de la gravité de la crise.  Face à l’urgence médiatique, ils choisissent de mener des opérations « coup de poing » afin d’essayer – ou d’espérer – engendrer de réels changements.

Sans doute pourrait-on s’attendre à ce que les chrétiens expriment de la même façon leur écœurement. Mais, les chrétiens ne manifestent pas. Ils ne manifestent plus … ou si peu. Nombreux sont ceux qui ont abandonné le navire, par indignation ou lassitude. Ils ont fini par désespérer de l’Eglise et, sans doute, par ne plus y croire, voire, par ne plus croire. Sommes-nous si tièdes que nous n’aimions notre Eglise que du bout des lèvres ? La radicalité n’est-elle pas également une qualité de l’âme ? 

Réhabiliter la radicalité chrétienne

« Au lendemain de la fête de la Toussaint, chacun d’entre nous devrait souhaiter être animé par une parcelle même infime de la radicalité des Pères du désert, des martyrs et des saints, aspirer à devenir un croyant plus radical, toujours plus pauvre de ce qui n’est pas Dieu. S’efforcer ainsi simplement de répondre à l’appel radical du Christ. Devenir un petit enfant pour entrer dans le Royaume. Devenir un serviteur pour aimer en vérité mes frères. » 

C’est l’invitation de François Espéret, diacre et écrivain, que je relaie ici. Si tant est que nous n’en fassions pas un simple objet de déclaration, « les chrétiens n’ont rien à craindre et tout à attendre de la radicalité en Jésus-Christ. C’est elle qui rendra éclatant leur témoignage, elle encore qui les rendra reconnaissables. Non pas comme garants d’une morale, gardiens d’une doctrine, tenants d’une idéologie, mais comme annonciateurs de la Bonne Nouvelle, artisans de paix et fils de Dieu. » 

Si nous pouvons redouter une radicalité qui confine à un extrémisme illusoire, la radicalité chrétienne nous invite à agir pour que les œuvres démontrent notre foi et puissent la faire respecter, et peut-être, l’aimer.

« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 27-38)

Jean-Jacques Erceau – Secrétaire général