Message de l'URCEC à ses adhérents

Suite à la remise du Rapport de la CIASE en octobre 2021, le Conseil d’administration de l’URCEC s’est saisi du problème des rapports entre gouvernance et relation éducative en contexte scolaire. Si le phénomène de l’emprise est au cœur de toute relation humaine, la dissymétrie qui caractérise la relation éducative renforce le risque de dérapage dans l’enceinte des établissements scolaires, au plan de la relation éducative et pédagogique avec les jeunes, au coeur de la classe comme dans l’ensemble de la communauté éducative, du point de vue du pilotage des établissements comme de l’animation des réseaux de tutelle.

Depuis la mise à jour du problème des abus dans la société française, abus de pouvoir, abus de conscience et abus sexuels, et plus encore depuis la remise du Rapport de la CIASE, plusieurs réseaux congréganistes ont déjà élaboré des outils de travail pour non seulement protéger les personnes victimes d’abus, mais plus encore pour développer une culture de la prévention dans le monde scolaire. Or, il apparaît que même avec la meilleure volonté du monde, se laisser sensibiliser en profondeur à la gravité du problème ne va pas de soi. L’expérience montre que cette prise de conscience nécessite un long cheminement intérieur sur lequel écouter des victimes racontant comment un abus entraine un empêchement à vivre, provoque un sursaut décisif. Il est à envisager non seulement au plan personnel, mais aussi au plan de la communauté éducative et au plan du fonctionnement des institutions.

C’est donc à ce niveau que nous sommes appelés à agir d’abord auprès des chefs d’Établissement pour développer et faire vivre cette culture de prévention contre toute tentation de chercher à dominer ou à exercer une emprise. Elle implique en priorité de :

Discerner la qualité de l’écoute des signaux faibles dont l’accumulation alerte sur une mise en danger des personnes les plus vulnérables ;

Établir et prioriser les risques propres à chaque établissement ;
Mettre en place des référents qui agissent, en lien avec les chefs d’Établissement, afin de vérifier laqualité de l’information accessible à tous et à tout moment ;
Proposer des formations pour tous les membres des communautés éducatives afin de les sensibiliser à la responsabilité de chacun en la matière.

Cette culture implique aussi de :

Sensibiliser à la part de fragilité qui existe en toute personne, ce que nous reconnaissons facilement aux deux extrémités de la vie, et qui peut survenir à tout moment de celle-ci.
Réfléchir sur les éventuels dérapages des relations entre jeunes qui peuvent mener à des harcèlements destructeurs, les réseaux sociaux servant d'amplificateur à de tels phénomènes.

Chacun sera ainsi équipé pour porter, personnellement et ensemble, cette préoccupation vitale. Pour les processus de prévention de domination les plus aboutis, une certification spécialisée par l’UNICEF du réseau est possible.

De nombreux outils existent déjà qui sont disponibles pour aider chaque réseau à élaborer un document synthétique de politique de prévention dans les communautés éducatives envers lesquelles il porte une responsabilité morale. Outre le Document unique Évaluation des risques professionnels, les plus complets sont le Programme de Protection des Publics Fragiles (PPPF) de l’Enseignement catholique, accessible en ligne, et le document de la tutelle mariste. L’URCEC se propose de créer un espace numérique « boîte à outils » déposé par le Secrétariat général, sur lequel chaque référent pourra puiser pour remplir sa mission.

Soyez assurés de notre mobilisation à vos côtés pour engager une action déterminée en termes d’animation et de formation. Nous restons à votre écoute pour accompagner vos réflexions et mises en œuvre au sein du réseau comme au cœur de vos établissements. N’hésitez pas à nous solliciter.

Fraternellement.

P. François Picart – Oratoire de France - Administrateur de l’URCEC P. Jean-Noël Charmoille – Réseau Don Bosco - Président de l’URCEC