Faire grandir les talents de nos enfants
« Comment saviez-vous qu’il y avait un cheval à l’intérieur de ce bloc de pierre ? » demanda un jour un jeune garçon à un sculpteur. Il contemplait émerveillé une magnifique œuvre réalisée par l’artiste. Sa naïve question resta sans réponse. Mais n’est-elle pas posée à nous, parents, enseignants, éducateurs, qui avons reçu la mission d’accompagner les enfants vers la pleine réalisation d’eux-mêmes ?
À l’image d’une sculpture qui se réalise à petits coups de marteau et de ciseau dans l’atelier de l’artiste, chaque enfant est un chef-d’œuvre dont le dévoilement se fait par petites touches. Mais à la différence de la pierre inerte, l’enfant est appelé à prendre une part active dans cette réalisation. Il a besoin pour cela de rencontrer autour de lui des « révélateurs de talents » qui lui font confiance et lui fournissent un cadre porteur, propice à la découverte et au déploiement de ce qu’il a en lui de meilleur.
Qu’est-ce qu’être un révélateur de talents ?
Le talent est cette aptitude, dormant en chaque enfant, qu’il va falloir réveiller, un peu comme une graine nécessitant une bonne terre et des soins appropriés pour se développer. Le parent, l’enseignant, l’éducateur, le tiers ont donc un rôle important à jouer dans la prise de conscience par l’enfant de ses talents, puis dans l’accompagnement de leur déploiement. Reconnaître les talents d’un enfant suppose donc de s’ouvrir à ses petites réussites quotidiennes, d’observer attentivement son attitude, ses réactions et ses facilités à travers les différentes expériences qu’il mène, ce qui nécessite de partager avec lui les activités dans lesquelles ceux-ci se révèlent. Telle est une des grandes originalités de la méthode salésienne de relecture des expériences.
Lorsqu’il dirigeait l’Oratoire du Valdocco, Don Bosco passait du temps chaque jour à arpenter les ateliers pour s’émerveiller des chefs-d’œuvre des apprentis, à visiter les classes pour se rendre compte de la progression des élèves, à participer à leurs jeux sur la cour de récréation. Il était un spectateur assidu des saynètes de théâtre interprétées par les jeunes et des concerts de la fanfare
L’exploration des talents jusque-là insoupçonnés ne peut s’effectuer que dans un environnement bienveillant, permettant à l’enfant, à l’adolescent, d’expérimenter des tentatives en ayant l’assurance de ne pas être l’objet de moqueries ou de remarques désobligeantes qui contribueraient à saborder sa confiance en lui.
Comment aider l’enfant à partager ses talents ?
Les talents de l’ enfant sont à considérer comme des dons gratuit : l’enfant n’a rien fait pour avoir l’oreille musicale, ou un sens inné de l’équipe au foot, etc… Aussi faut-il l’aider à prendre conscience que ce cadeau immérité ne lui a pas été donné pour lui-même, comme un faire-valoir personnel, mais pour être partagé et servir à d’autres.
Le but réside moins dans la perfection de l’enfant à travers le développement de ses dons, que son épanouissement, et ce dernier passe par le partage.
Si vous souhaitez approfondir la manière avec laquelle Don Bosco savait reconnaître et développer les talents des enfants qu’il accompagnait, je vous recommande vivement la lecture d’un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Mame « Faire grandir les talents de son enfant », écrit par une équipe de la famille salésienne que j’ai eu la joie de coordonner.
Jean-Marie Petitclerc